Un cygne comme symbole pour l'écolabel nordique

Un cygne comme symbole pour l'écolabel nordique

En 1989, douze ans après la création du Blue Angel (premier écolabel en provenance d’Allemagne), la Suède et la Norvège décident de créer à leur tour un écolabel. La Finlande rejoint le dispositif un an plus tard, suivie par l’Islande en 1991 et enfin le Danemark en 1997. 25 ans après son lancement, le Nordic Ecolabel, plus connu sous le nom (et logo) Nordic Swan / Cygne Blanc, apparait comme l’un des labels les plus valorisant pour l’entreprise le possédant. Retour sur cette certification qui participe, à sa manière, à l’image positive des pays scandinaves.

Un label : pour quoi faire ?

De manière générale, un label est une certification qui permet de valoriser un produit en garantissant au consommateur que celui-ci respecte certains critères (environnementaux, sociaux…). Matérialisé par un logo qui peut être apposé sur les produits, le label serait donc le gage d’une certaine qualité, et donc un argument commercial. Il est important ici d’employer le conditionnel car il existe en fait trois types d’écolabels : ceux de type 3, qui permettent de donner un éco-profil à un produit ; Ceux de type 2, qui sont auto-déclarés par le producteur (c’est-à-dire qu’il n’y a aucun contrôle extérieur) ; Ceux de type 1, qui indiquent que la certification est octroyée par un organisme tiers, et donc théoriquement objectif. Le site ecolabels.fr revient plus en détails sur les différents types de labels.

Le Cygne Blanc, quant à lui, appartient aux écolabels de type 1, conformes à la norme ISO 14024, la norme internationale qui établit les principes et les méthodes pour la mise au point de programme d’étiquetage environnemental. Cet écolabel vise à encourager une conception durable des produits : il prend ainsi en compte l’ensemble des impacts environnementaux d’un produit durant tout son cycle de vie, de l’extraction des matières premières jusqu’à son recyclage. Très strict donc, ce label reprend les mêmes critères que l’écolabel européen mais va encore plus loin puisqu’il s’intéresse également aux produits bio.

Au-delà de sa mission d’information envers les consommateurs, l’écolabel nordique tente également d’agir sur la jeunesse, en proposant aux écoles des documents PDF sur lesquels on peut retrouver des idées pour insérer le thème de l’environnement dans les autres matières scolaires (mathématiques, histoire…). Cette action s’inscrit dans la lignée des politiques scandinaves, très axées sur l’éco-responsabilité. Le label, aujourd’hui sous la tutelle du Conseil Nordique de l’Ecoresponsabilité (NMN), est d’ailleurs né d’une volonté politique, à l’initiative du Conseil Nordique des Ministres. Réel désir de promouvoir l’écologie ou les entreprises scandinaves ?

Un label vraiment différent des autres ?

EU Ecolabel, NF environnement, l’Ange bleu… L’Europe est aujourd’hui abreuvée de labels en tout genre. Alors comment tirer son épingle du jeu, et est-ce le cas de l’écolabel nordique ? Comme rappelé précédemment, le Cygne Blanc est un label de type 1, ce qui constitue d’ores et déjà un premier élément de réponse quant à sa fiabilité. Le label est qualitatif et non quantitatif, à l’inverse de l’EU Ecolabel, ce qui représente un deuxième élément pertinent. En effet le label européen, créé en 1992, certifie le respect des critères environnementaux communs à l’UE, mais il certifie une proportion de produits (20%) et non un objectif de qualité. Au total huit grandes familles de critères sont prises en compte :

La consommation d’énergie
La consommation d’eau
Les aspects climatiques
L’origine des matières premières
Les effluents dangereux
Le conditionnement
La gestion des déchets
L’utilisation de produits chimiques

L’autre aspect intéressant du label est son côté évolutif. Considérant que de nouveaux problèmes et de nouvelles solutions apparaissent de façon régulière, le NMN n’octroie les certifications que pour une durée allant de trois à cinq ans. Passée cette période, de nouvelles études sont réalisées sur le cycle de vie de chaque produit. Ainsi les produits certifiés sont toujours à la pointe de l’éco-responsabilité, ou du moins jamais trop en retard. Il est cependant important de noter que pour l’ajout d’un critère, l’unanimité des cinq conseils est nécessaire.

En raison des coûts engendrés pour le NMN, la certification a un prix. Le Conseil Nordique emploie une centaine de personnes à travers ses cinq centres (un dans chaque capitale) et gère les tests en laboratoires auprès d’indépendants. Il faut donc investir au préalable une certaine somme d’argent avant d’espérer décrocher le précieux logo vert et blanc. Il faut savoir que les prix varient entre les cinq pays mais qu’il suffit de décrocher l’écolabel dans un pour pouvoir l’afficher partout. Grosso modo les très petites entreprises doivent débourser 1 000 euros pour s’inscrire, puis 500 euros par an, tandis que les autres entreprises payent le double. En outre, toutes les entreprises sont tenues de payer pour les analyses (550 euros la journée, 1 100 au-delà) et, enfin, elles reversent 0,3% du chiffre d’affaires lié aux ventes de produits arborant le logo. Le label a donc un coût, mais que rapporte-t-il ?

Quelle plus-value pour les détenteurs ?

Le label a un prix assez élevé, trop pour certaines entreprises, mais quelques données permettent de se rendre compte de l’importance qu’il a pris en Scandinavie et même ailleurs. Tout d’abord, il s’agit d’un véritable marqueur car le logo est ultra-connu. En 2013, selon un sondage réalisé par le cabinet américain YouGov, entre 77 et 96% des Scandinaves connaissaient le logo du Cygne Blanc, contre seulement 20% pour le logo d’EU Ecolabel, le seul label reconnu dans l’ensemble de l’Union Européenne.

Mais aujourd’hui, le Cygne Blanc n’est pas seulement connu, il est aussi reconnu. Il est ainsi assimilé par certains à « une clé ouvrant le marché nordique ». Pour preuve, outre l’augmentation des demandes de certifications, de plus en plus d’entreprises opérant en dehors de Scandinavie cherchent à apposer le logo sur leurs produits. En 2013 par exemple, une douzaine de services et produits l’ont obtenu dans les pays baltiques, dont sept pour la seule Estonie. Les demandes concernaient en majorité des hôtels ou des entreprises de services. Alors que le nombre de touristes en Estonie grimpe en flèche depuis quelques années (de 2 à 2,7 millions entre 2009 et 2012), il est important pour les produits locaux de pouvoir se démarquer.

Nombre de licences Nordic Ecolabel attribuées dans des pays nordiques et nombre de licences EU Ecolabel accordées à des producteurs nordiques.

Le graphique ci-dessus est particulièrement significatif de l’importance que les entreprises scandinaves accordent à « leur » label en comparaison du label européen. En effet, quasiment 2 200 licences ont été délivrées en 2012 pour le premier contre une centaine pour le deuxième. Comme expliqué dans l’étude The coexistence of two ecolabels, bien que légèrement plus cher, le Cygne Blanc est bien plus reconnu par les consommateurs scandinaves qui, de plus, n’hésitent pas à payer un peu plus cher pour consommer responsable. Autrement dit, la faible différence de prix peut être compensée par une augmentation des prix sans que cela affecte les ventes, bien au contraire.

En outre, se conformer aux exigences du label peut rimer avec économies. Dans une étude intitulée Is it worthwhile to acquire the Swan Label ?, l’auteur revient sur le cas d’un hôtel d’Oslo d’une capacité de 336 chambres et présente, grâce à trois données significatives, les progrès réalisés. Il apparait ainsi que la consommation d’eau a diminué de 40% entre 2007 et 2008, celle d’énergie de 20% et le coût d’élimination des déchets de 50%. Certes, ces économies auraient pu être réalisées sans pour autant acquérir le label, mais la motivation d’obtenir ce dernier a sans nul doute joué un rôle moteur.

En fin de compte, le Cygne Blanc est un écolabel solide qui répond à de nombreux objectifs : il assure au consommateur que les produits sont respectueux de l’environnement sur le long-terme, il donne à la marque qui l’obtient une aura certaine et, au-delà de ça, il participe d’une manière plus large au rayonnement de la culture scandinave. Jamais entaché de scandale, respecté par les professionnels, le label associe son image à celle des pays nordiques (et inversement), alimentant par la même occasion le soft power de cet ensemble de seulement 25 millions d’habitants.

Me suivre sur Twitter : @RealScandinavie

Réalités scandinaves

The Nordic Swan, le label 100% scandinave

Share this post

Follow us

Newsletter

Pages

Categories

Blogroll